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LE MARCHÉ BELGE DES VOITURES NEUVES EST-IL 'VERT' ? (MAI 2008)
A l’heure où la problématique du CO2 est plus que jamais à l’ordre du jour -avec la perspective de révision des objectifs européens en matière de réduction de ce gaz à effet de serre pour l’industrie automobile– FEBIAC a voulu dresser un bilanprovisoire- des mesures prises en Belgique, tant au niveau fédéral que régional. Les réductions ou autres bonus, ont-ils un effet positif sur l’acheteur potentiel d’une voiture neuve ? Ces mesures sont-elles suffisantes pour induire un changement de comportement ?
Les effets sur le marché des primes
fédérales
Pour rappel, les réductions sur facture accordées à
l’achat de nouvelles voitures à faible émissions de
CO2 pour 2008 sont les suivantes :
- Réduction de 15% de la valeur d’acquisition
pour les voitures émettant moins de 105 g
CO2/km avec un maximum de 4.350,00 EUR.
- Réduction de 3% de la valeur d’acquisition
(105 g ≤ émissions ≤ 115g) avec un maximum
de 810,00 EUR
Lorsqu’on regarde quelles sont les voitures qui peuvent
bénéficier de ces réductions, l’on constate que, même
après 2 ans après l’entrée en vigueur de la mesure,
seuls 6 modèles peuvent bénéficier de la réduction
de 15%, ce qui en limite de fait les effets. Il est clair
que l’initiative belge de fixer des limites strictes n’a
peu ou pas d’influence sur l’offre de modèles des
marques opérant à l’échelle européenne et pour qui
il n’est pas économiquement rentable de développer
et produire des modèles pour un marché aussi réduit.
FEBIAC propose des limites moins strictes afin que le
consommateur ait un choix plus large permettant un
effet plus significatif au niveau du marché belge. Par
ailleurs, moins de 105 g CO2/km représente des émissions
très faibles correspondant à une consommation
moyenne de 3,8 litres de diesel au 100 km et 4,4 litres
d’essence.
En ce qui concerne la catégorie 105-115 g, on y
retrouve 17 modèles (au total 22 avec les différentes
versions du même modèle). Presqu’exclusivement des
petites citadine
Voyons maintenant comment ont évolué les immatriculations
en Belgique en 2007 dans ces différentes
catégories. Rappelons que ces incitants fiscaux ne
valent que pour les particuliers (personnes physiques).
Etant donné que ceux-ci ne représentent que
55% du marché des voitures neuves, l’effet potentiel
de la mesure est de ce fait une fois de plus limité.
Si l’on prend toutes les immatriculations (y comprises
celles au nom d'une société), le nombre de voitures
neuves immatriculées dans les deux catégories passe
de 1.742 en 2007 à 3.151 pour les moins de 105 g.
Et de 13.357 à 20.743 unités pour les 105-115 g.
Si cette mesure devait être poursuivie, il serait
souhaitable que la Belgique s’aligne sur les valeurs
retenues par l’UE à savoir 120g et/ou 130g (environ
50 modèles) et ce de manière à avoir un impact
plus important (15.000 véhicules sur un parc de
5.000.000 !!). L’impact budgétaire de cette extension
serait récupéré par le surplus de recettes TVA. Par
ailleurs, pourquoi ne pas inclure dans les réductions
les véhicules à propulsions alternatives (pile à combustible,
gaz naturel,...) et d’éviter à l’avenir de faire
préfinancer ces mesures par le secteur.
Cependant, il nous semble plus judicieux de revoir
entièrement la fiscalité automobile afin de la rendre
plus 'verte' tant sur le plan des émissions polluantes
(oxydes de carbone, oxydes d’azote, particules =>
normes EURO) que sur le plan de l’effet de serre
(CO2). Et ce, dans un contexte budgétairement
neutre et plus stable du point de vue des recettes
(abolition de la TMC qui implique une perception sur
l’ensemble du parc n’étant donc plus tributaire des
immatriculations).
La situation dans les 3 Régions
Fin 2007, la région wallonne a instauré un système
de bonus-malus destiné à encourager l’achat de voitures
(neuves ou d’occasion) par des particuliers.
Le bonus allant de 100 € (catégorie de 136 à 145 g)
à 1.000 € (catégorie de moins de 105 g) est entré en
vigueur le 1er janvier de cette année. A noter que ce
bonus tient compte du véhicule détenu précédemment
et n’est accordé que si la voiture achetée est de 3 catégories 'meilleure' (10 g par catégorie, soit 30 g)
que celle détenue précédemment. La région a pour
des raisons buddétare, introduit une zone neutre – où
aucun bonus ni malus n’est accordé ; celle-ci s’étend de
146 g à 195 g.
Le malus, quant à lui est d’application depuis le 1er avril
(nous ne pourrons donc pas mesurer son effet puisque
nous avons considéré les 3 premiers mois de 2008).
Les 2 autres régions n’ont, à ce jour, pris aucune mesure
allant dans le même sens.
Nous avons choisi d’analyser les immatriculations de
voitures neuves dans les 3 Régions par les catégories
de CO2 qui sont utilisées pour l’octroi du bonus-malus
wallon. Nous avons ramené tout en pourcentage afin
d’éliminer les effets d’une croissance ou d’une baisse
de marché.
Cela donne le tableau suivant :

L’on constate d’emblée qu’en Wallonie, les catégories
de moins de 115 g progressent plus fortement que
dans les autres régions, passant de 0,1% à 4,1% et
de 6,3% à 8%.
On remarque par ailleurs que la catégorie des moins
de 146 g représente pour les 3 premiers mois de 2008,
quelques 71% des ventes en Wallonie contre 64% à
Bruxelles et 57% seulement en Flandre.
Parallèlement, les catégories à plus hautes émissions
de CO2 baissent plus rapidement en Wallonie au profit
des catégories moyennes.
La tendance globale est clairement au 'downsizing'.
Cette tendance s’était déjà fait sentir en Wallonie
en 2007, mais peut-être à cause de la structure du
marché des particuliers dans cette région.
Cela dit, en moyenne les émissions des voitures neuves
immatriculées au cours des 3 premiers mois de
2008, passent sous la barre des 140 g CO2/km en
Wallonie (140 g étant l’objectif de l’accord volontaire
passé entre l’ACEA – constructeurs européens – et la
Commission européenne pour 2008).
Pour le pays dans son ensemble, la moyenne s’élève
à 143,6 g CO2/km.

Comme nous avons pu le constater, le bonus en Wallonie
semble influencer encore plus favorablement le comportement
des acheteurs vers des voitures neuves rejetant
moins de CO2. Il serait souhaitable d’instaurer un système
similaire dans les autres régions, ne fût-ce que pour
la clarté du message envers le consommateur.
Les 3 premiers mois de 2008 indiquent également une
nette tendance à la baisse, tout type de propriétaire
confondu, puisque la baisse est ici de 2,2% passant de
152 g à 149 g CO2/km. Si cette tendance se confirme
l’on pourrait bien atteindre les 147 g de moyenne d’ici
la fin de cette année (grâce aussi au fort taux de diésélisation
du marché belge : 77% des immatriculations de
voitures neuves en 2007). Il reste ambitieux d’atteindre
120 g à l’horizon 2012. Des mesures plus structurelles
s’imposent.

Vers une véritable réforme de la fiscalité
automobile
Seules des mesures affectant l’entièreté du parc et
incitant à remplacer les véhicules les plus vieux et
donc les plus polluants auront un impact tangible
sur les émissions globales. Ceci nécessite une profonde
réforme de la fiscalité automobile actuelle,
plutôt que des mesures ponctuelles ou temporaires.
Nous proposons de déterminer et de calculer les taxes
automobiles selon des critères environnementaux.
Une taxation basée sur les normes EURO et les émissions
de CO2, telle que nous la proposons, contribue
à la réduction tant de la pollution que des émissions
de CO2 (enjeu environnemental) générées par les
voitures. La fiscalité belge actuelle repose principalement
sur la puissance fiscale des voitures (chevaux
fiscaux basés sur la cylindrée ou les kW), un paramètre
faiblement corrélé aux paramètres environnementaux
et donc inadéquat pour fonder des méthodes de
réduction des émissions de gaz à effet de serre et de
la pollution.
Notre proposition consiste à baser la taxe de circulation
(TC) annuelle sur le CO2 et la pollution. Elle se
présente comme une fonction linéaire des émissions
de CO2 des voitures pour une norme Euro donnée
et ajoute un montant forfaitaire pour chaque norme
Euro (c’est-à-dire en fonction du taux de rejets polluants
de la voiture).
La linéarité de la taxe par norme Euro évite toute
discrimination et va donc dans le sens de l’objectif
économique.
Globalement, cette structure fiscale est apparue
comme la solution la plus équilibrée au regard des
divers objectifs à poursuivre.
La suppression de la TMC, liée à cette modification
de la fiscalité, contribue à l’objectif économique qui
est de soutenir, voire d’accélérer la rotation du parc
automobile en Belgique. Elle est aussi socialement
favorable, car elle rend plus abordable l’achat de
voitures neuves/récentes. L’élimination d’une entrave
au remplacement de vieilles voitures par des modèles
plus récents et moins polluants concourt ainsi également
à l’objectif environnemental.
Il faut par ailleurs faire en sorte que la rotation des
voitures soit au moins maintenue (enjeu économique).
Une baisse des ventes de voitures neuves
a une incidence négative sur l’économie belge au
travers des constructeurs, des distributeurs et des
acteurs connexes (sociétés de location, assurances,
etc.), ceux-ci étant essentiels à l’économie belge en
termes d’emploi et de revenus.
De plus, une diminution des ventes de véhicules
neufs ralentit l’introduction de nouvelles technologies
plus 'éco compatibles' sur le marché automobile
actuel. La réforme de la fiscalité automobile doit
s’efforcer de ne pas discriminer une marque ou un
modèle en particulier.
FEBIAC plaide dès lors pour une révision rapide de
la fiscalité automobile qui seule permettra d’agir sur
les émissions de polluants et de CO2 de l’entièreté du
parc automobile.