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VOITURE ÉLECTRIQUE : L’AVENIR POUR LA BELGIQUE ? (MAI 2009)

Depuis quelques mois, la tendance électrique remporte un succès grandissant dans le secteur automobile. Il suffit d’avoir vu les salons de Detroit ou Genève pour s’en convaincre : les nouveaux prototypes abritent de plus en plus de composants électriques. Quant à la transmission électrique, quelque peu perdue de vue, elle fait son grand retour.

Bonne nouvelle pour l’environnement, donc. La voiture électrique ne produit en effet pas de gaz d’échappement. Et même si l’on considère le cycle de production complet -du puits de pétrole au moteur-, elle fait beaucoup mieux que le bloc thermique classique. Autre avantage : elle est très silencieuse et consomme nettement moins d’énergie. Un véhicule électrique affiche un rendement "well-to-wheel" (de la source à la roue) de 1,76 MJ/km (sur la base du parc de production électrique belge), au lieu des 2,62 MJ/km du moteur à essence traditionnel 1. Ce chiffre s’améliore fortement dès que l’on augmente la part d’énergies renouvelables utilisées.

Dans ces conditions, pourquoi une technologie si attrayante n’est-elle pas commercialisée à grande échelle ? Vous connaissez sans doute la réponse. Avec les batteries de l’ancienne génération, la voiture électrique voyait son rayon d’action limité à quelques dizaines de kilomètres, et il fallait beaucoup de temps –plusieurs heures– pour recharger. Mais grâce aux nouvelles batteries ion-lithium et lithium-polymère, les constructeurs de véhicules électriques affirment pouvoir offrir un rayon d’action de plus de 150 km et une infrastructure de recharge à haute tension devrait permettre de recharger en 30 à 45 minutes. La durée de vie des batteries s’améliore aussi. Sur certains modèles, elle égale même celle des batteries de démarrage classiques au plomb. Une belle performance quand on connaît le nombre de cycles d’utilisation.

Parallèlement au développement de ces nouvelles batteries, on examine d’autres pistes pour exploiter les atouts de la propulsion électrique. Les microhybrides sont équipés d’un moteur à combustion conventionnel, mais exploitent la technologie du moteur électrique pour récupérer l’énergie du freinage et la transformer en électricité, laquelle sert à alimenter l’équipement de bord.

Quant au véhicule hybride, il associe un moteur électrique et un moteur à combustion. L’efficacité énergétique de l’un est complétée par le rayon d’action et la rapidité de réapprovisionnement de l’autre. Un pas de plus vers le véhicule électrique à batteries et nous en arrivons à l’hybride ‘plug-in’, doté d’une importante capacité de stockage de l’électricité. La recharge se fait sur une prise murale ordinaire. Ces véhicules peuvent parcourir une cinquantaine de kilomètres en mode tout électrique, après quoi ils poursuivent leur route en tant que voitures hybrides peu énergivores. La voiture à pile à combustible utilise elle aussi un moteur électrique. La pile à combustible produit l’électricité à partir de l’hydrogène pour propulser le véhicule.

Les voitures électriques ouvrent la perspective d’un transport individuel ayant un impact limité sur l’homme et l’environnement. Mais, comme pour toutes les autres initiatives imaginées ces dernières années par l’industrie automobile, il faut compter sur les pouvoirs publics pour créer les conditions indispensables au succès du produit. Actuellement, la voiture électrique coûte cher, et aux yeux du particulier, la technologie n’a pas encore fait ses preuves. Il faut donc donner un coup de pouce aux véhicules proprement dits, mais aussi à l’industrie et à la recherche dans notre pays. Le véhicule électrique a besoin d’une infrastructure qui permettra d’en tirer le meilleur parti.

En ce qui concerne le prix d’achat, le surcoût est important : l’acquéreur doit souvent débourser plusieurs milliers d’euros supplémentaires. Pour le convaincre de franchir le pas, les subsides joueront un rôle important. Les avantages infrastructurels, par exemple l’accès aux bandes de circulation des bus et à des places de parking réservées, peuvent constituer de bons incitants, surtout en ville, terrain de prédilection de la voiture électrique.

Un climat d’investissement favorable pour l’industrie, la recherche et le développement peuvent ériger notre pays au rang des pionniers dans ce domaine. Jouissant d’une position centrale en Europe, tant sur le plan géographique que politique, la Belgique est en effet bien placée pour jouer un rôle clé.

Si notre pays veut voir les voitures électriques se multiplier sur ses routes, il doit adapter son infrastructure. Le réseau électrique belge doit pouvoir supporter le supplément de consommation qui en résultera. Nous avons besoin de lignes d’une capacité suffisante, avec une production à la hauteur des besoins. Par ailleurs, nombre de particuliers ne disposent pas d’un garage où recharger leur voiture. La mise en place d’un réseau de points de recharge suffisamment développé revêt donc une importance primordiale.

Cela dit, l’arrivée d’une large gamme de voitures et utilitaires légers électriques ne doit pas faire oublier les deux-roues électriques. Ces derniers sont également appelés à occuper une place de choix dans la mobilité de demain.

Enfin, rappelons que la voiture électrique n’est qu’une partie de la solution. Quand on connaît l’étendue des modifications à apporter dans la production et la distribution de l’électricité, il est peu probable que notre parc de véhicules adopte ce mode de propulsion à grande échelle et à court terme. Aussi importe-t-il de continuer à développer et à soutenir les autres solutions : gaz naturel, biocarburants et moteurs à combustion toujours plus propres.

Les véhicules électriques se répandent peu à peu à travers le monde. Si notre pays veut profiter de cette technologie propre et peu gourmande en énergie, il est grand temps de mettre au point un cadre de soutien adéquat, qui rendra le marché belge plus attrayant pour les producteurs de ces véhicules. Une alternative écologique au transport routier individuel sera notre récompense.

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