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DOUBLE INTERVIEW : MELCHIOR WATHELET – LUC BONTEMPS (MAI 2012)

Lors de la formation du gouvernement, Melchior Wathelet s’est vu confier un portefeuille de compétences qui semble avoir été défini spécialement pour lui. Démonstration dans cette double interview menée avec le secrétaire d’État à la Mobilité et l’administrateur délégué de FEBIAC, Luc Bontemps.

M. Wathelet : “J’ai exercé avec plaisir ma fonction de secrétaire d’État au Budget, mais la Mobilité offre encore plus de possibilités lorsqu’il s’agit de transposer une vision stratégique en mesures concrètes. C’est extrêmement motivant. Tout le monde sait par ailleurs que la mobilité est un domaine qui me passionne et que je suis le secteur automobile et son évolution avec un intérêt non forcé. La mobilité est une question qui nous concerne tous, elle revêt une importance cruciale pour notre société : réduire la pollution, le nombre de victimes de la route,... sont pour moi autant de défis qui ne peuvent attendre...”

L. Bontemps : “À propos de ce dernier point justement, je répète qu’il serait intéressant de réaliser une étude ‘accidentologique’. Pour la première fois depuis plusieurs années, le nombre de victimes est de nouveau en hausse, mais personne ne sait exactement pourquoi. Il me semble incroyable et inadmissible qu’ici, en Belgique, nous ne faisions rien pour déterminer les causes de cette hausse ! Le projet BART (Belgian Accident Research Team) de l’IBSR prévoyait une enquête à grande échelle, qui n’a jamais vu le jour. Nous ne pouvons l’accepter.”

M. Wathelet : (avec un sourire) “Ce n’est pas parce qu’un projet s’appelle ‘BART’ que le succès est au rendez-vous... Je plaisante, mais nous manquons effectivement d’informations essentielles. Pour y remédier, je propose par exemple de donner aux spécialistes de l’IBSR un statut particulier qui les habilite à recueillir des informations et des éléments utiles sur le lieu même des accidents, dans le respect de la vie privée et sans entraver le travail de la police et du parquet bien entendu, ce qui est tout à fait possible. Je pense aussi que nous devons exploiter davantage les compétences présentes au sein du secteur automobile proprement dit, que ce dernier doit être encore plus impliqué. C’est d’ailleurs une démarche que je veux appliquer à plusieurs dossiers : je veux une participation active du secteur, une concertation, un échange de connaissances et de points de vue.”

L. Bontemps : “Voilà une invitation que nous acceptons avec plaisir et enthousiasme ! Je tiens par ailleurs à remercier le secrétaire d’État pour son écoute attentive et sa rapidité de réaction. Je songe par exemple au dossier des tracteurs agricoles utilisés pour le transport de marchandises sur route, qui constitue une distorsion de concurrence flagrante. Et FEBIAC est déterminée à y mettre un terme.”

M. Wathelet : “Je vais m’attaquer à ces abus. Je pense que la réforme du système d’immatriculation en préparation est une mesure pertinente à cet égard. Mais en ce qui concerne ce dossier, il me semble également nécessaire de connaître l’avis du secteur et de lui donner la parole. Je ne parle pas uniquement du secteur du transport routier, mais aussi du secteur agricole et de la construction.”

L. Bontemps : “Puisque vous parlez de la réforme du système d’immatriculation : la nouvelle plaque européenne vient à peine d’être adoptée qu’un changement se profile déjà à l’horizon. Quelle est la plus-value d’un tel changement ?“

M. Wathelet : “Écoutez, je vais être très clair. Le nouveau système fonctionne bien, mais il peut encore être amélioré. Je soutiens par exemple l’idée d’attribuer des plaques spécifiques à certains véhicules – les tracteurs agricoles, entre autres. Les vélomoteurs doivent également être immatriculés. Mon objectif, c’est d’optimiser le système et de créer une base de données complète, sur la base des plaques d’immatriculation des véhicules. Je veux imposer des règles plus strictes à certains égards, offrir un peu plus de liberté à d’autres – les plaques personnalisées par exemple. Mais globalement, mes projets s’inscrivent dans le prolongement de ce qui a été mis en place sous la responsabilité d’Etienne Schouppe pendant la législature précédente.”

L. Bontemps : “Passons à tout autre chose. Au début de l’année, dans votre note de politique générale, vous accordiez une grande attention aux véhicules électriques et aux projets de soutien à l’électromobilité. Avez-vous déjà des propositions concrètes ?”

M. Wathelet : “Les débuts de l’électromobilité sont très hésitants et tant que les constructeurs eux-mêmes ne sont pas sûrs de la route à suivre, je ne veux pas leur forcer la main. J’en reviens à ce que j’ai dit précédemment : je veux agir en concertation avec eux, afin de déterminer la meilleure façon de promouvoir une technologie tournée vers l’avenir.”

L. Bontemps : “Je pense alors qu’il faut d’abord travailler sur le cadre des incitants fiscaux, de l’infrastructure de recharge et des avantages pour les utilisateurs de véhicules électriques – des places de parking réservées par exemple, etc. Nous n’avons que très peu avancé dans ce domaine en Belgique, c’est dramatique. J’estime d’ailleurs que l’État devrait montrer l’exemple, en jouant le rôle de promoteur du changement.”

M. Wathelet : “Très juste ! Et je suis tout à fait favorable à l’idée de montrer l’exemple. Pour l’instant, mon collègue Hendrik Bogaert et moi-même travaillons sur un projet de mobilité pour nos administrations, dans lequel l’électromobilité aura certainement une place. Mais je le répète, tant que le secteur cherche encore sa voie – miser à 100 % sur les véhicules électriques ou promouvoir essentiellement les technologies hybrides dans un premier temps – , je ne veux pas introduire de règles restrictives, qui auraient seulement un effet paralysant. Je veux et je vais définir les grandes lignes directrices et je compte, une fois encore, sur la collaboration du secteur en la matière.”

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