Vous êtes ici ›Home› Dossiers
TROP DE TRI TUE LE TRI ! (NOVEMBRE 2012)
Comme vous le savez, l’Environnement est une compétence régionale. Toutes les régions n’ont donc pas les mêmes ambitions en la matière. Ainsi sur le site de l’OVAM (société publique des déchets de la Région flamande), peut-on entreautres lire ceci :”Des efforts importants seront effectués pour faire reconnaître la politique flamande aux niveaux international et européen, afin que l’apport de l’OVAM et donc de la Flandre soit reconnu” ou encore “La gestion de déchets sera largement élargie et intégrée. La politique de gestion de déchets se traduira par la fermeture des cycles des matières...”. Un homme averti en vaut deux...!
C’est sur cette base que l’OVAM a décidé de se
pencher sur le cas du verre des véhicules hors
d’usage. Faut-il démonter le verre en amont du
broyeur ou le récupérer en aval grâce aux technologies
PST (Post Shredding Technologies) ? La
question est posée !
Le bureau d’étude Intertek RDC a été chargé
d’étudier les aspects techniques et économiques
liés. Quant aux aspects environnementaux,
ils seront étudiés par le bureau VITO (Institut
Flamand de recherches technologiques) dans
une deuxième phase qui vient seulement de
débuter. FEBIAC, Febelauto et bien d’autres
partenaires sont, bien entendu, régulièrement
consultés.
Les conclusions de ces deux études guideront la
décision de l’OVAM et donc par la suite, une
éventuelle modification de la législation.
Contexte légal
Au-delà des ambitions de l’OVAM, il existe un
cadre légal originaire du Parlement européen et
du conseil.
En effet, la directive 2000/53 CE et en particulier
son annexe I confèrent un cadre au traitement des
véhicules hors d’usage. Ce en vue de minimiser
leur impact environnemental mais aussi de maximiser
leur recyclage.
Néanmoins, comme ce texte laisse place à l’interprétation,
des états membres ont demandé
des clarifications. La commission européenne a
indiqué qu’il appartenait aux états membres de
décider s’il était approprié de faire démonter en
amont le verre des véhicules hors d’usage.
Jusqu’à présent, ce démontage en amont n’a pas
été rendu obligatoire par la Flandre pour autant
que cette fraction fasse l’objet d’un recyclage
matière.
En pratique
Avec un résultat de 91% pour l’année 2011, la
Belgique, au travers de Febelauto, fait figure de
référence mondiale en matière de recyclage des
véhicules hors d’usage. Les centres agréés de
notre pays comptent parmi les plus performants,
et grâce à des investissements constants, développent
sans cesse des techniques permettant de raffiner
les déchets jusqu’à les rendre exploitables.
Le verre se retrouve ainsi dans une fraction appelée
“fraction inerte” qui est utilisée comme souscouche
dans la construction de route ou encore
dans certains types de bétons.
Il est évident qu’un véhicule hors d’usage possède
une valeur positive sur le marché du recyclage
dès lors qu’il est complet. Cela peut paraître
anodin, mais commencer à le démonter pour
en extraire un flux en particulier – sans qu’il n’y
ait un gain économique ou écologique clair qui
surpasse les coûts – peut remettre en cause cette
réalité et ainsi augmenter la partie coûts, mettant
potentiellement en péril une filière pourtant très
performante au départ !
De plus, les producteurs de verre automobile indiquent
clairement qu’il leur est impossible de refaire du verre
automobile sur base de verre provenant de véhicules
hors d’usage, peu importe que celui-ci ait été démonté
en amont ou qu’il ait été trié en aval. Pour diminuer sa
consommation énergétique et ses émissions de CO2,
le secteur verrier alimente déjà ses lignes de production
avec ses propres déchets. Ainsi, meilleure est la
qualité du déchet, plus le produit fini peut-être de haut
niveau. En d’autres termes, avec le verre des véhicules
hors d’usage (même démonté en amont) il sera impossible
de refaire du verre automobile. Ces déchets de
qualité moindre seront également utilisés mais seulement
pour des produits moins exigeants (ex. : verre
d’emballage, fibre de verre, isolants ...).
Conclusion
FEBIAC, au nom de ses membres, sur base des
faits et des données actuels et en consultation
étroite avec ACEA, déconseille au législateur de
prendre une décision en faveur du démontage
du verre qui viserait à une réutilisation dans la
production de verre automobile.
- La législation européenne n’exige absolument pas
un tel démontage en amont ;
- Le coût d’un démontage manuel en amont est
estimé par Intertek RDC à 4,5 fois plus que le tri
en aval ;
- Le bénéfice environnemental d’une telle mesure est
inexistant ;
- Boucler la boucle n’est aujourd’hui pas seulement
irréaliste mais est aussi dangereux pour une filière de
recyclage saine et à la pointe au niveau mondial.