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SÉCURITÉ ROUTIÈRE ET TIC : ÉTROITEMENT ET ÉTONNAMMENT LIÉES ! (MAI 2013)

L’intérêt pour la sécurité routière est presque aussi ancien que l’automobile. Au fil des ans, la sécurité a gravi de nombreux échelons sur la liste des priorités des constructeurs. Et parallèlement, le défi a gagné en complexité. Aujourd’hui, la sécurité routière est devenue indissociable de la construction automobile, de la gestion des infrastructures et, bien sûr, du comportement des usagers de la route. Pourtant, elle est encore trop souvent assimilée à la sécurité des véhicules. Un point de vue qu’il convient de revoir au regard de l’avenir.

Le passé : la résistance aux chocs

L’amalgame encore fréquent entre sécurité routière et sécurité des véhicules peut se comprendre en partie. Les campagnes consacrées, par exemple, au port de la ceinture de sécurité ont, dès le milieu des années ‘50, suscité une énorme attention du public et bénéficié d’une grande visibilité. Lorsque le port de la ceinture a été rendu obligatoire vingt ans plus tard, en 1976, le nombre de blessés graves et de décès dus aux accidents de la route a connu un recul soudain et spectaculaire de près de 15%.

C’est dans cette optique que les voitures ont également été pourvues de pare-chocs costauds et d’une tôle robuste pour mieux protéger encore leurs passagers.

On a ainsi créé l’impression, du moins jusqu’au début des années ‘80, que la sécurité passait par la ‘solidité’ et qu’elle concernait et incombait donc uniquement aux constructeurs automobiles...

Les statistiques d’accidents pour cette période témoignent en effet d’une nette amélioration pour les conducteurs et leurs passagers. Par contre, le nombre des ‘autres usagers’ victimes d’accidents de la route, comme les cyclistes ou les piétons, s’est à peine infléchi. La piste des mesures de sécurité passive, c’està- dire le fait de limiter l’impact d’un accident pour les passagers d’un véhicule, semble donc s’imposer comme une évidence dans un premier temps. Elle se révèle toutefois non concluante lorsque les statistiques démontrent des pourcentages similaires de victimes côté passagers et côté ‘autres usagers’. Les objectifs fixés par la Commission européenne pour réduire drastiquement et durablement le nombre de victimes de la route exigent eux aussi une approche fondamentalement différente. D’autres facteurs, dont notamment les normes très strictes en matière de CO2 et de consommation, ne permettent plus non plus de continuer à construire de véritables ‘tanks’.

“Les objectifs fixés par la Commission européenne pour réduire drastiquement et durablement le nombre de vitimes de la route exigent eux aussi une approche fondamentalement différente.”

Mieux vaut prévenir que guérir...

... et c’est ainsi que la sécurité active suscite, avec le temps, un intérêt toujours croissant. L’ABS est sans doute l’exemple le plus connu de cette nouvelle approche. Et à ce jour, nous sommes en pleine phase de généralisation du contrôle de stabilité (ESC ou ESP).

Le progrès ne s’arrête toutefois pas là. Depuis quelques années, les caméras et les radars sont venus rejoindre l’arsenal des équipements automobiles. Les informations fournies par ces dispositifs sont collectées, ‘interprétées’ et traduites sous forme d’actions correctives visant à prévenir une situation de circulation dangereuse. Citons entre autres les systèmes d’aide à la conduite qui veillent au respect des distances, déclenchent le freinage en cas d’urgence et assistent le conducteur par mauvaise visibilité (voir aussi l’encadré).

Comme vous l’aurez constaté, actuellement, de nombreux véhicules sont déjà équipés de systèmes intervenant dans la conduite. Cette piste axée sur une amélioration de la sécurité active est évidemment de la plus grande importance et offre un énorme potentiel. Elle pose néanmoins quelques problèmes et soulève certaines questions. Dont, essentiellement : va-t-on priver le conducteur du contrôle de son véhicule ? La technologie va-t-elle prendre le relais ? Que se passera-t-il en cas de mauvaise interprétation ou d’erreur de la technique ? Qui sera responsable ? Autant de questions qu’il convient de ne pas prendre à la légère.

L’avenir : un échange d’informations entre véhicules et avec l’infrastructure

Tout comme la physique ne permet pas de renforcer indéfiniment la sécurité des passagers d’un véhicule, la capacité à interpréter les situations routières et les dangers potentiels au départ d’informations collectées par un seul véhicule connaît aussi ses limites. En d’autres mots, pour évaluer correctement – et surtout bien à temps – une situation potentiellement dangereuse, il convient de disposer d’une quantité de données de loin supérieure à celle que peuvent collecter et traiter un seul véhicule et son conducteur.

Cette restriction est due en grande partie au fait que les actions correctives se prennent aujourd’hui en fonction d’informations liées à une perspective ou un endroit bien précis(e). Exemple : le radar sous le capot, qui détecte que la distance se réduit très rapidement entre votre véhicule et celui que le précède, active l’arrêt d’urgence. C’est bien, mais le véhicule qui se trouve devant vous aurait pu vous envoyer, quelques instants plus tôt, un signal d’avertissement et vous donner ainsi davantage de temps pour réagir, et donc une meilleure marge de sécurité.

Compte tenu de la complexité du trafic, l’interprétation gagne en précision quand on peut croiser les données de plusieurs usagers. C’est là un aspect prioritaire pour l’avenir de la sécurité active. Cette connectivité entre véhicules peut être étendue grâce aux données GPS et aux informations de l’infrastructure routière comme les panneaux et les feux de signalisation, les travaux routiers et les flux de trafic. Il est plus intéressant en effet, pour votre véhicule, d’être informé à l’avance de l’approche d’un tournant serré et dangereux plutôt que de devoir activer le système ESP pour éviter de quitter la route alors qu’il se trouve déjà dans le virage.

“La connectivité entre véhicules peut être étendue grâce aux données GPS et aux informations de l’infrastructure routière.”

Ce sont précisément ces éléments qui seront déterminants pour l’avenir : permettre aux véhicules et aux usagers en général de communiquer entre eux. De cette manière, les données sont transmises et échangées de manière factuelle et instantanée, et nous ne devrons plus nous reposer sur l’interprétation des données ‘locales’, incomplètes par définition.

Enfin, ce type de dialogue de véhicule à véhicule (V2V) et de véhicule à infrastructure (V2I) offre encore d’autres avantages, notamment pour l’environnement et la mobilité. Par exemple en vous informant et en vous encourageant à réduire légèrement votre vitesse pour arriver au carrefour au moment où le feu y passe au vert. Ou encore, à vous signaler un bouchon important sur votre trajet tout en vous communiquant instantanément les places de stationnement disponibles près de la gare ou les itinéraires alternatifs via les transports en commun...

L’évolution de la technologie de sécurité

Les systèmes avancés d’assistance au conducteur (Advanced Driver Assistant Systems : ADAS) utilisent différents capteurs qui permettent de distinguer les piétons des véhicules et des panneaux de signalisation. La dernière technologie radar (77 GHz) différencie 3 fois mieux les objets et mesure la vitesse des véhicules avec 5 fois plus de précision que les radars actuels (25 GHz). Associés à des caméras et un traitement d’images, ils effectuent plusieurs tâches qui sont depuis peu proposées sur les véhicules du segment intermédiaire. Il existe déjà une législation européenne pour les systèmes de freinage d’urgence et les alertes de franchissement involontaire de ligne. Tous deux deviendront d’ailleurs obligatoires à partir de 2014 sur les véhicules de plus de 3,5T. D’autres systèmes d’aide à la conduite comme l’alerte en cas de véhicules en approche trop rapide et la détection des piétons dans l’obscurité ou le brouillard seront intégrés aux grilles d’appréciation d’EuroNCAP à partir de 2015. Les ADAS ou “copilotes invisibles” ont un rôle essentiel à jouer pour réduire le nombre d’accidents de la route et atteindre l’objectif GoForZero !

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